Questions/réponses 5

 

Si les Tarawhir étaient une innovation blâmable, pourquoi alors personne parmi les compagnons ou les savants n’a rien dit ?

Il faut rappeler que Boukhari ne pratiquait pas les Tarawhir à la mosquée, mais chez lui ! Or, nous savons que Boukhari n’est pas le premier venu ! De plus, nous ne pouvons affirmer, si oui ou non, des compagnons du Prophète ont protesté contre cette pratique. En effet, ce n’est pas parce que les livres ne mentionnent aucune protestation, qu’il en existait aucune ! Lorsque Omar commet toutes les erreurs que nous avons vues, est-ce que pour autant, nous avons eu écho des interventions d’autres compagnons ? NON !

Modjâhid a dit : « J’entrai un jour à la Mosquée (de Médine) avec ‘Orwa ben Ez-Zobaïr. Ibn ‘Omar était assis adossé contre la chambre de ‘Aïcha, et des fidèles, à ce moment, faisaient dans la Mosquée la prière du milieu de la matinée. Nous interrogeâmes Ibn ‘Omar au sujet de cette prière, il nous répondit : « C’est une innovation[1] »

Une innovation faite ouvertement, sans aucune protestation !

‘Otsmân ben Abou Rawwâd, frère de ‘Abdelazîz, rapporte ce qu’il entendit d’Ez-Zohri: « J’entrai chez Anas ben Mâlik alors qu’il était à Damas et le trouvai en larmes. – Qu’as-tu à pleurer ? Lui dis-je. – Ah ! répondit-il, je ne reconnais plus rien de ce que j’ai vu faire autrefois. Il ne restait que la prière et la prière elle-même est négligée[2]. »

Anas ben Mâlik, rappelons-le, était un compagnon du Prophète qui avait participé à la bataille de Badr. Anas ben Mâlik pleure parce qu’il a constaté qu’il ne reconnaissait plus rien de ce qu’il avait vu faire autrefois ! Et lorsque que je dis autrefois, il ne s’agit pas des siècles précédents, mais de quelques années seulement après la mort du Prophète ! Cela prouve très clairement, que, déjà à cette époque, la pratique du Prophète avait été complètement dénaturée. Au point où Anas ben Mâlik a dit : « Je ne reconnais plus rien de ce que j’ai vu faire autrefois. » Pourtant, dans nos livres de source, il n’est pas fait mention de texte évoquant cette destruction de l’Islam, destruction qui a fait pleuré Anas. Peut-on alors encore penser, que, dès lors que les livres ne comportent pas de texte spécifique sur le sujet ici évoqué, cela veut forcément dire que rien ne se passa ! En définitive, cela prouve bien que ce n’est pas parce que nous n’avons pas eu d’échos de déviation ou d’innovation, voir de crime, que rien n’est à déplorer ! En ce qui me concerne, je doute fort que Anas ait pleuré pour rien ou pas grand chose !

Quoi qu’il en soit, cet argument ne peut en aucun cas, suffire à contrecarrer tous les hadiths authentiques que l’on a vus.

On ne peut pas, au nom d’une apparente absence de protestation, dire que tous les hadiths que l’on a vus sont faux ! Il s’agirait alors de « réflexion » hasardeuse et malsaine. La théologie a des règles très rectilignes et impartiales, or l’absence de protestation ou de dénonciation n’a jamais été, et Dieu merci, une de ces règles.

On n’invalide pas des hadiths authentiques par cette étrange réflexion !



[1] [Extrait de « Les Traditions Islamiques - Tome 1 » El Bokhâri ; Titre XXVI : « De la visite pieuse » ; Chapitre III : « Combien de fois le Prophète fit-il la visite pieuse ? » ; hadith n° 1 ; (page 568)]

[2] [Extrait de « Les Traditions Islamiques -Tome 1 » El Bokhâri ; Titre IX : «Des heures fixées pour la prière » ; Chapitre VII : « Du fait de manquer de faire la prière au moment prescrit » ; hadith n°2 ; (page 189)]